Le « Fait Maison » n ’a qu ’une ambition: bannir l ’industriel

Deux mois après son entrée en vigueur, le label « Fait Maison » suscite un débat parmi les professionnels de la restauration. On parle ici et là d’un « décret mal ficelé », d’un label « mort-né » et de consommateurs dupés.

 

Il faut ici rétablir quelques vérités sur l’objectif initial de ce label. Adoptée à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi relatif à la consommation, le but de cette mention est clair : elle doit permettre au consommateur de savoir si le plat qu’on lui sert a été cuisiné sur place ou seulement réchauffé  parce que simple préparation industrielle.

 

Elaboré avec l’ensemble des représentants de la restauration, le label « Fait Maison » partait d’un constat simple : de plus en plus de restaurateurs servent à leurs clients des plats préparés uniquement par l’industrie sans en faire étalage sur leurs menus allant parfois jusqu ’à les qualifier de faits maison. Désormais, pour recevoir cette appellation, un plat doit être élaboré «dans les locaux de l ’établissement dans lequel il est proposé à la vente ou à la consommation ». Et non dans une usine…

 

Le « Fait Maison » se voit aussi reproché de permettre l’utilisation de produits surgelés aux côtés de produits frais et de saison. Cette condition doit justement permettre aux restaurateurs de s’emparer du label en cessant de servir des plats industriels réchauffés. Autoriser le surgelé de produit brut saisonnier n’est pas une faute.  Nous le faisons à la maison  (légumes, champignons, récoltes saisonnières, etc). C’est aussi s’adapter au budget des Français. Les produits frais ont un coût plus élevé à l’achat, nécessitent plus de personnels pour les cuisiner et cela se ressent sur l’addition. Attention donc à ne pas faire entrer le « Fait Maison » dans la catégorie plus élitiste de « Maître restaurateur ». Certains aiment à manier la confusion.

 

Enfin, cette mention n’est pas un énième label. L’autre grand label qu’est celui de « Maître Restaurateur » n’a, qui plus est, rien à voir avec le « Fait Maison ». Délivré par l’Etat, il s’attache à des produits frais, à un approvisionnement de proximité, à la qualité du cadre et du service, à l’équipement,  à l’information et à la relation avec le client. Entre cette excellence et le néant, le consommateur réclamait un saut qualitatif intermédiaire. C’est l’ambition du « Fait Maison », qui ne prétend qu’à une chose : bannir l’industriel.