HPST : quatre lettres pour réorganiser tout le système de santé
Le texte de loi actuellement débattu à l’Assemblée nationale cherche à réduire les inégalités d ’accès aux soins sur le territoire tout en poursuivant la réforme de l ’hôpital public. Il avait été présenté en octobre 2008 en conseil des ministres dans un relatif consensus, majorité et opposition s ’accordant sur la nécessité de réformer le système de soins.
Les semaines ont passé et le temps n ’a pas joué en sa faveur : des médecins libéraux aux syndicats hospitaliers, le projet de loi fédère aujourd ’hui bon nombre de mécontentements.
Le constat est le suivant : l ’hôpital public se dégrade, malgré les immenses progrès scientifiques et technologiques dont il assure la diffusion et l ’engagement des professionnels pour maintenir un service efficace. Sous-effectif chronique en personnel, urgences engorgées, moyens surabondants ici, pénurie ailleurs, crise financière partout, tout cela s ’additionne.
Pour autant, d ’autres risques majeurs affectent notre système de santé, sa qualité et l ’égal accès à l ’offre de soins…Souterraine et fulgurante, l ’avancée du « désert médical français » s’aggrave depuis plusieurs années, suscitant l’inquiétudes des élus locaux et cristallisant les passions.
Cette inégalité menaçante résulte de deux phénomènes étroitement liés : c ’est d ’abord le nombre de médecins en chute libre dans les zones rurales ou dans les quartiers dits sensibles de nombreuses villes. C ’est ensuite l ’abandon progressif des hôpitaux de proximité, sans négociation ni examen sérieux des besoins des territoires. L ’affaiblissement de nos « petits » hôpitaux, de leurs maternités, de leurs services d ’urgence sur site ou mobiles (SMUR) renforce le sentiment d ’isolement des populations… et des médecins généralistes eux-mêmes.
Oui, tout est lié. Loin des plateaux techniques, accablés de responsabilités devenues trop lourdes, les médecins généralistes ne transmettent plus désormais leur cabinet à de jeunes confrères. A la campagne comme dans maints quartiers, les médecins « craquent ».
La pénurie de médecins réclame des réponses déterminées, au-delà du déverrouillage du numerus clausus que j ’ai naturellement préconisé en tant que rapporteur pour avis sur ce projet de loi. Les initiatives locales (maisons médicales ou de garde, avantages financiers…) sont certes utiles, mais restent malheureusement ponctuelles. C’est sur la liberté d’installation des médecins que notre réflexion doit porter. Et c’est dans ce sens que j’ai déposé des amendements pour introduire plus de mesures incitatives.