Le travail du dimanche
Déplafonnement des heures supplémentaires, fin des RTT et des jours fériés, disparition du repos compensateur, possibilité de travailler jusqu ’à 70 ans, depuis deux ans la liste des reculs sociaux présentés comme des avancées du modernisme ne cesse de croître. Mais elle pourrait encore s ’allonger avec la fin annoncée du repos dominical des salariés.
Loin de la prudence demandée à deux reprises par le Conseil Économique et Social (CES) sur ce sujet en 2007, le Gouvernement matraque une nouvelle fois le code du travail, officiellement au nom de la croissance contre la crise. En réalité, depuis des années la majorité souhaite supprimer le repos dominical. La crise n ’est qu ’une occasion toute trouvée de passer à l ’acte.
Alors que les injustices et les écarts de revenus progressent comme jamais dans notre pays, la droite entend ainsi consacrer de nouvelles inégalités entre ceux qui auront le loisir de profiter de leur temps libre et de leurs enfants, et ceux qui n ’auront d ’autre choix, pour nourrir ces enfants, que de renoncer à passer du temps avec eux.
Malgré les amendements visant à ne pas « généraliser le travail le dimanche », il y a fort à craindre que les pressions sur des salariés déjà fragilisés ne contraignent rapidement leur liberté de choix, les enfermant encore un peu plus dans ces emplois précaires.
C ’est aussi une grave erreur économique que de penser que le temps manque aux Français pour remplir leurs caddies. Cette mesure n ’apporte aucune réponse à la relance de la consommation. Elle n ’aboutit qu ’à fragiliser les petits commerces de proximité au profit des grandes surfaces.
Dans cette logique de « travailler plus pour consommer plus », il y a fort à parier que les plus faibles risquent, à nouveau, d ’être les grands perdants d ’une société qui, à travers un tel projet, ne leur laisserait que la part du pauvre.