Raisonable
Si je devais retenir un mot clé cette semaine, ce serait sans doute «raisonable.»
Le gouvernement a présenté son projet d ’«offre raisonnable d ’emploi» qu ’un chômeur devra accepter à l ’avenir sous peine, après deux refus, d ’être radié pendant 2 mois. C ’était l ’une des promesses présidentielles. Personne n’en voulait, N.Sarkozy l’a quand même fait.
A l’issue d’une table ronde avec les différents partenaires sociaux, Christine Lagarde jugeait les échanges fructueux. Laurent Wauquiez, lui, annonçait son intention de légiférer avant la fin de session parlementaire, faute d’accord entre les syndicats…
Il déclarait à la radio : « De l’autre côté, il faut que ce soit aussi équilibré et qu’il y ait des devoirs en contrepartie si on vous propose deux offres d’emploi raisonnables. Raisonnable, cela veut dire grosso modo dans la branche professionnelle dans laquelle vous êtes. On peut aussi permettre de rebondir dans une branche plus dynamique. »
En ce cas, les salariés de Gandrange vont être ravis de « rebondir dans une branche plus dynamique ». Dans la mesure où leur région n’offre plus aucune activité correspondant à leur branche professionnelle, peut-être trouveront-ils dans leurs environs quelques postes à mi-temps, qu’ils pourront difficilement refuser. Raisonnable ? Pour qui ? Sûrement pas pour un chômeur qui approche la cinquantaine…
Cautionner l’idée selon laquelle un chômeur doit accepter tout ce qu ’on lui propose sous peine de sanction, c’est ouvrir la voie vers toujours plus de stigmatisation. 3,5 millions de demandeurs d ’emplois sont potentiellement indemnisables . Les fraudeurs représentent seulement 2%.
Le gouvernement concentre davantage ses efforts sur les sanctions que sur les moyens à donner au service public pour qu’il remplisse sa mission d’accompagnement. La chasse à la fraude et l’évasion fiscale n’est pas programmée mais celle aux allocataires a bel et bien commencé. Il est décidément bien coûteux ce paquet fiscal… pour ceux qui n’en bénéficient pas.