Entretien avec Hubert Védrine
Hubert Védrine, ministre socialiste des Affaires Etrangères de 1997 à 2002, s ’est entretenu sur la situation internationale, lors d ’une réunion à l ’Assemblée Nationale. Elle est caractérisée par la fin du monopole des Occidentaux et la montée des pays émergents. Le contexte actuel mérite une très grande vigilance, avec les crises financière, économique et alimentaire, et l ’inquiétude environnementale.
L ’ancien ministre a particulièrement insisté sur le devenir de l ’Europe. Alors que la France prendra prochainement la présidence de l ’Union Européenne, il a rappelé les enjeux de l ’après-traité de Lisbonne. Le temps de la réflexion sur les institutions est achevé, mais il reste encore l ’épineux problème des limites de l ’Union.
L ’Europe doit être stabilisée pour que les Européens s ’y attachent et que naisse une réelle identité. Les gauches européennes doivent avoir une vision commune qui permette de répondre aux immenses défis et permette de lancer des politiques nouvelles.
Hubert Védrine s ’est également montré critique sur la politique étrangère de Nicolas Sarkozy. Cette politique se définit autour du concept de « bloc occidental », qui brandit la menace de l ’islamisme (comme jadis elle le faisait avec le communisme). Les incohérences, voire les contradictions apparentes du Président de la République sont importantes, mais la notion de bloc occidental telle que l ’entend le Président de la République pourrait se révéler dangereuse vis-à-vis du reste du monde. Avec la pleine réintégration de l ’OTAN et les relations avec certains dirigeants étrangers aux comportements dérangeants, s ’engage une rupture totale de la politique étrangère française qui prévalait depuis plus de 50 ans.