Service très minimum
Le 15 mai prochain, les enseignants manifesteront leur mécontentement et leurs vives inquiétudes devant les réformes engagées par le ministre X Darcos.
Dans le primaire, des programmes nouveaux sont applicables dès la rentrée de septembre prochain. Plusieurs personnalités et non des moindres dénoncent leur caractère passéiste et l ’alourdissement des contenus, alors même que le ministre les présente comme des programmes plus simples et plus clairs.
Des heures sont dégagées pour venir en aide aux élèves en difficulté. Sur le fond, ce principe est indiscutable. Mais la forme retenue est particulièrement inéquitable et va conduire inévitablement à creuser les écarts entre les enfants les plus défavorisés et les autres. C ’en est fini de la volonté de concentrer des moyens là où ils sont les plus nécessaires.
Sous couvert du principe » travailler plus pour gagner plus « , et à coups d ’heures supplémentaires allouées aux enseignants volontaires, le ministre donne l ’illusion qu ’il réussira à améliorer les performances de l ’école. Dans l ’immédiat, il tente de dissimuler une mauvaise politique à coups d ’heures supplémentaires.
Dans les collèges et les lycées, même si la baisse des effectifs est réelle, elle ne saurait avoir pour conséquence de diminuer considérablement les moyens des établissements qui, pour certains, seront en grandes difficulté pour maintenir dédoublements et options, voire même certains enseignements » non rentables » comme la musique par exemple. La même utilisation des heures supplémentaires que dans le primaire masque à peine la volonté délibérée de mettre moins de moyens dans les collèges et les lycées, au détriment des élèves.
Suite à la première tentative en janvier dernier, le ministre incite les communes à mettre en place un service minimum d ’accueil, certes populaire, mais qui n ’est pas autre chose qu ’une manière d ’empêcher les acteurs de l ’école de signifier leur rejet de la politique mise en oeuvre, et de caresser les usagers dans le sens du poil.
A n ’en pas douter, et pour la première fois sans doute, cette politique pour l ’école est marquée par un virage idéologique fort qui a pour but de mettre à mal l ’enthousiasme et l ’engagement des acteurs de l ’école publique au service des élèves qui en ont le plus besoin.