Hors-jeux
Au risque d’être hors-jeux, la transe collective qui s’est répandue pour glorifier l’organisation du championnat d’Europe des Nations de football en France, m’interpelle. Je n’ai rien, bien sûr, contre le foot professionnel, même si le fait de voir des millionnaires en culotte courte courir après un ballon m’a toujours interrogée.
Selon les premiers chiffres, cette manifestation va coûter un peu moins de 2 milliards d’euros. Comme d’habitude, cette estimation sera dépassée à la fin des travaux. Mais puisqu’il s’agit d’une grande cause nationale, cela peut se comprendre. Ce qui se comprend moins, c’est que dans le même temps, on explique qu’en raison de la crise, il n’y a plus d’argent pour le sport amateur et pour les associations. Pas assez d’argent pour créer les logements adaptés aux faibles revenus, pour relever les minimas sociaux, le smic, ou pour accompagner les plus défavorisés.
Mais le championnat d’Europe de foot, ce n’est pas pareil. La preuve, on va créer 15.000 emplois. Certes, mais pour 2 à 3 ans seulement, le temps des travaux. Oui mais un million de supporteurs étrangers sont attendus et, par exemple, la coupe du monde de rugby avait rapporté 800 millions d’euros. Certes, mais plus de 80 millions de touristes viennent chaque année en France pour un apport financier de 39,6 milliards d’euros en 2008 et 900.000 emplois induits. Mais là aussi, il n’y a plus d’argent pour financer les infrastructures d’accueil, et chaque année notre pays perd un peu plus de part de marché en raison du budget de l’Etat à la baisse.
Bon, j’ai compris, le foot pro ce n ’est pas pareil. Il n’empêche, que je reçois de plus en plus de personnes en détresse financière, au chômage, ou sans logement et là, franchement, je n’ai pas envie de leur parler de football.